L'abbaye de Saint-Michel.
Et on fouille à nouveau. Les travaux furent repris en Novembre de la même année (1723). Le devin avait sans doute cherché à y continuer son rôle de charlatan, car il écrivait le 16 de ce
même mois à Monsieur de la Lande :
«Je n’ai pas voulu, Monsieur, manqué de vous escrié pour la connaissance que j’ai touchant l’entreprise du lieu de Maquenoise, je suis toujours dans le mesme sentiment que celui que j’ai
eue par la baguette divinatoire. Là où j’ai eu un à front je mais trouvé immobil dans mon entreprise par un homme de mauvaise fois là le seigneur par sa grâce m’y avait conduict, Monsieur
je peu vous assuré que d’es de faut raport con vous a raporté contre moi. Je vous fait asavoir ai je navez eue aucune connaissance je n’auré pas esprouvé cinquante et queu et trois mois
de tant perdus, je suis toujours prète à vous rente service si je suis capabe Monsieur je ne partirai pas si je n’ai le même pouvoir.Après la présente receu vous me ferai plaisir de me
crire, mon adresse sera la maison du Bray à Barbanson. Je suis vostre très haumble et très obéissante serviteur. Deni VANDENAWES»
Le Charlatan ajoute : «Ce qui m’avait donné de la préhension sont les troupes qui ont arrivé après qu’on m’a rapporté que cestoit pour mes venir prendre sans rien avoir faict pour cela.
Je ne crain rîen par toute la terre cij ce n’est pour ce sujet là, j’ai connaissance de ces affaire la par la vertus de la baguette, il ij a plusieurs ecclésiastiques qui cherche de me
faire arrester pour ces affaires la. Jattent un de mes camarades dabort qu’il est venu jaspire de vous parler. Je demeure votre hobéissant serviteur, deni Vandenaw»
La lette suivante, écrite d’Hirson le 25 Novembre 1723, à Monsieur de la Lande, rend compte de nouvelles recherches faites à la
butte, et démontre assez clairement que le devin Denis ne travaille pas uniquement pour l’art :
«Monsieur, Je viens de Maquenoise avec Monsieur MILLOT, nous avons vu LANCIEN et le devin qu’on nomme Denis, qui nous a renouvelé qu’il y avoit un trésor considérable, que les ouvriers en
estoients à sept pieds de distance. Il compte demain midi en donner d’autres particularités plus certaines, et espère venderdy en faire la découverte, pourvu que le devin en second qu’il
a envoyé chercher aujourd’hui à deux lieue au delà de Beaumont, arrive demain, n’osant luy seul entreprendre de chasser la beste. Il nous a promis quettent de nostre part, il ne cacheroit
rien et ne feroit point l’ouverture du trésor avant que nous ayons eu le temps de vous en donner avis ; il nous a paru fort en défiance contre les Desprez et les Hallets à cause d’un
autre devin qu’ils ont fait venir sans sa participation, et de lui avoir osté les deux meilleurs ouvriers de la bande et sur lesquels il contoy, ne lui aijant laissé que gens de leur part
et de leurs parents. Il dit cependant qu’ils ne peuvent rien enlever sans lui. Les Desprez et les Hallets doivent demain l’y trouver et rester là la fin de la trouvaille, et leur bande
qui sera de dix à douze personnes y comprenat leurs travailleurs. Je m’y rendrai avec Monsieur MILLOT et deux hommes, l’un pour vous donner avis de ce qui se passera et l’autre pour
courir au secours que vous m’avez indiqué, si nous jugeons en avoir besoin de nouveau. Les hommes de Monsieur de la Grange nous ont esté bien utiles, et le secours nous est venu à temps,
car nous ne serions plus en vie personne de notre bande. Je prends la liberté d’estre, avec un très profond respect, Monsieur, Votre très humble et très dévoué serviteur. DAUDIGNY» La
suite de la correspondance est muette sur ce qui s’est fait jusqu’au 17 Décembre suivant, date d’une lettre de Monsieur de la Lande au procureur fiscal : «Je crois que vous avez très
sagement agi en faisant arrester la recherche du prétendu trésor, la saison n’estant point propre pour de semblable ouvrages ; et je croy mesme que la recherche en sera peu utile, mais
comme il faut rien avoir à se reprocher, vous pourrez faire recommencer vos ouvriers quand vous jugerez à propos.»
Si de nouvelles recherches furent tentées par la suite, ce fut sans résultat, comme le prouve ce passage d’une décision du conseil d’administration du Domaine en date du 23 Juillet 1724 :
«Les recherches faites jusqu’ici n’ayant pas eu le succès qu’on en attendait, pour éviter de nouvelles dépenses, il sera proposé à une compagnie quelconque de faire à ses propres dépens
les investigations nécessaires sous la condition de céder aux entrepreneurs dudit ouvrage la moitié de ce qui seroit trouvé, sans recours ni répétition aucune.» La fameuse question de
Maquenoise paraît donc avoir été délaissée vers la fin de 1724, et alla se noyer au catalogue des légendes. Elle fournit pendant
de longues années un ample champ aux imaginations. Mais au fait, si personne ne l’a encore trouvée, c’est donc que ...
Mais ceci va constituer une autre histoire, la vôtre ?!!! .
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Article de JMG sur : www.terascia.com